Alimentation du chat

Boisson

Le chat est un buveur rare et sa production urinaire est faible avec souvent une seule miction par jour. 
De ce fait les urines sont déjà normalement très concentrées et prédisposées à la formation de calculs. 
Le passage d'une alimentation humide aux croquettes exagère le risque d'apparition de calculs car le chat met du temps à ajuster son abreuvement et tarde a augmenter sa consommation d'eau pour compenser les pertes.
Il faut dans tous les cas veiller à offrir en permanence une boisson appétente telle que l'eau fraiche fréquemment renouvelée.
Les chats préfèrent l'eau oxygénée et aiment boire au robinet ou à la fontaine. Ils préfèrent également boire dans des récipients en verre qui libèrent moins d'aromes désagréables que le plastique.
Personnellement je conseille la fontaine miaustore qui a été adoptée ici dès son arrivée.

Préférences alimentaires du chat 

Dégustateur fin et raffiné, le chat montre des préférences alimentaires particulièrement fortes et persistantes (comportement généralement néophobique).
Celles ci tiennent en premier lieu à l'odeur de la ration qu'ils flairent méticuleusement avant toute ingestion. Si un chat souffre d'anosmie (perte de l'odorat) provoquée par une infection respiratoire, il faudra rendre la ration encore plus appétente.
Le chat n'a que peu de papilles gustatives contrairement à l'homme (473 pour le chat et 9000 pour l'homme) et son odorat est donc bien plus efficace que le gout. 
Les chats préfèrent les aliments humides souples et onctueux et les petites croquettes qui permettent de limiter les dépôts de tartre sur les molaires par décapage lors de la mastication. 
Le chat n'est pas sensible à la couleur de la ration ni au gout sucré (par absence du gène TAS1r2) et sa sensibilité a l'amertume serait 400 fois plus élevée que celle du chien. 
Le rancissement, signe d'oxydation des lipides est cause d'une forte inappétibilité chez le chat. 
Très fidèle à ses habitudes alimentaires, le chat est également très dépendant de ses gouts acquis dès l'âge de 5 à 7 semaines à la période de préparation au sevrage, alors que se prennent des habitudes alimentaires très durables sinon définitives. L'éleveur utilisera souvent une ration équilibrée destinée au carnivore sevré qu'il délitera dans du lait maternisé sous forme de soupe, de bouillie puis de pâtée garantissant ainsi une très bonne transition gustative, digestive et nutritionnelle. 
Ainsi la somme des gouts innés et acquis définit une hiérarchie précise et tenace des préférences alimentaires du chat. Le chat manifeste souvent également un comportement néophilique appréciant une certaine variété alimentaire. 
Quoi qu'il en soit il est nécessaire de pratiquer une transition douce lorsqu'on change l'alimentation du chat et de donner la même nourriture que l'éleveur lorsqu'on acquiert un chaton. La transition doit être la plus longue possible sur plusieurs semaines par exemple en augmentant progressivement la quantité du nouvel aliment mélangé à l'ancien. Cela prévient de la diarrhée dite "du lendemain" et permet la meilleure adaptation des aptitudes digestives.
Il est conseillé de fractionner les apports alimentaires journaliers chez le chat adulte. Il est possible de laisser en libre disposition un aliment sec, pas trop appétent (en surveillant qu'il n'y a pas surconsommation) dont spontanément le chat répartira l'ingestion en 15 à 20 petits repas quotidiens répartis tout au long de la journée.
Il faut bien sur prendre la nourriture destinée aux chats, car elles contiennent de la taurine, indispensable à votre compagnon, ainsi qu'un taux de protéines plus élevé que pour les chiens, le chat étant un carnivore strict.

La question de la digestibilité des glucides

La digestion des glucides a des effets rapidement négatifs de fermentations microbiennes volontiers intempestives dans le gros intestin. Ces fermentations, d'autant plus intenses et dangereuses qu'elles disposent d'un substrat plus abondant, viennent masquer la sous digestion dans l'intestin grêle et conduisent à surestimer la valeur alimentaire de certaines sources de glucides.
A faible niveau, les fermentations microbiennes dans le gros intestin sont bénéfiques à l'hygiène digestive, à la résorption d'électrolytes (sodium potassium) et donc d'eau et à l'humidification des matières fécales.
Un excès de glucides enzymorésistants et microbiodégradables suscite dans le gros intestin une production accrue de gaz, d'acides gras volatiles, parfois d'acide lactique, s'ajoutant aux endotoxines microbiennes pour expliquer l'inflammation de la paroi digestive. Il en procède des diarrhées aigrelettes s'accompagnant d'une baisse de la digestibilité de tous les aliments. En effet, à concentration trop élevée, les acides gras volatiles manifestent à l'égard de la muqueuse digestive des propriétés irritantes en plus de leur action inhibitrice de la motricité intestinale. Cela entraine une accélération du transit digestif. 
En pratique, les risques de maldigestion glucidique sont accrus par :
- le lactose : qui peut dans l'espèce féline n'être pas bien digéré chez le chat adulte. en moyenne la tolérance est limitée à 1g de lactose par kg de poids corporel. 
- l'amidon cru, mal cuit ou trop abondant. La digestibilité des tubercules est moindre que celle des céréales, et la gélatinisation de l'amidon (par forte cuisson) réhausse nettement sa digestibilité.
- les polysaccharides (orge, avoine, seigle, graines de légumineuses, fruits, choux, poireaux, oignons, ail) : ils augmentent les flatulences et rendent nauséabondes les matières fécales.

La cellulose brute peut avoir divers mérites, notamment sous forme de son de blé, de pulpe de betterave, de pellicule de graines (soja, pois) :
- stimulation de la secretion pancréatique d'amylase au détriment de la lipase
- accélération du transit atténuant les risques de dysmicrobismes caeco-coliques
- augmentatin de l'indigestible constituant le support du bol fécal
- accroissement de l'humidité des matières fécales
Le tout contribuant à contrôler le volume, la consistance et le moulage des crottes. 
Ainsi elle améliore grandement l'hygiène digestive par son action de balayage dans le gros intestin permettant la prévention de la constipation et des dangers d'auto intoxication grâce à l'évacuation précoce de tout substrat trop fermentescible ou putrescible.

On distingue les fibres solubles comme les pectines qui en excès favorisent l'apparition de flatulences car très fermentescibles mais atténuent les risques de diabète ou d'obésité, et les fibres insolubles jouant un rôle de balayage de la lumière digestive et fournissant du lest aux matières fécales.

- Les hémicelluloses abondantes dans le son de blé sont moyennement fermentescibles et contribuent bien à l'hygiène digestive et au moulage des matières fécales.
- La cellulose vraie de carottes, légumes verts, etc se comporte surtout comme un diluant alimentaire assez neutre, peu fermentescible, peu inhibiteur de la digestibilité.
- La lignine apparait habituellement comme le facteur dépresseur majeur de la digestibilité de la ration (cuticule des graines)

Les pulpes de betteraves ont le mérite d'un assez bon équilibre entre fibres insolubles et fibres solubles, celles ci étant peu viscogènes mais assez fermentescibles. A taux modéré (de l'ordre de 5%) elles améliorent la régularité du transit digestif et l'hygiène digestive, sans dégrader la digestibilité. Au delà de 10%, elles augmentent très sensiblement l'humidité des matières fécales et donc leur volume et leur perte de consistance; ceci s'expliquerait alors par la libération trop abondante d'acides gras volatils dans le gros intestin, entrainant une diarrhée osmotique. 
A égalité de taux alimentaire de fibres totales, le son de blé, les pulpes de tomate, les coques d'arachide, ou la paille traitée à la soude (pour délignification) conduisent à des matières fécales plus sèches et donc moins volumineuses.

Pour prévenir de la maldigestion glucidique, il faudrait de la cellulose en quantité nécessaire et suffisante, limiter les graines de légumineuses, cuire de façon satisfaisante l'amidon, fractionner les apports, et surtout faire des transition systématique lorsqu'on varie l'alimentation.  

(SOURCE : Alimentation du Chat, ROGER WOLTER, CLEMENTINE JEAN-PHILIPPE)